Ce travail photographique a été réalisé en Alsace, région natale d'Aglaé Bory.
Il s'agit de photographies de paysages, plutôt banals, réalisés avec une certaine distance, comme depuis un poste d’observation, en laissant une part importante de l’image au ciel et en gardant les mêmes proportions. Des endroits en retrait d’où l’on peut apercevoir au loin, de façon parfois presque cachée, des habitations, de type immeubles ou maisons, des lieux où vivent des gens invisibles et inconnus. Ainsi photographiées, ces habitations offrent leur fragilité, et laissent entrevoir les existences qu’elles abritent.
Le format vertical des images est ici l’expression de la posture humaine. Les hommes se tiennent debout et observent le monde dans cette verticalité. Ainsi le regard posé sur le paysage devient visible.
La ligne d’horizon de chaque image délimite les espaces du ciel et de la terre qui dans ce partage, font dialoguer le temps humain avec le cycle des heures et celui des saisons. L'ensemble des photographies crée une même ligne d'horizon, un unique panorama que l'on peut embrasser d'un regard large, et qui agit comme miroir de l'intériorité de l'auteur.
Des portraits de jeunes filles scandent l'immobilité de l'ensemble.
Dans une présence étrange, enveloppées qu’elles sont par la vibrance du paysage alentour, le regard tourné vers leur horizons, réels ou fictifs, elles racontent à la fois quelque chose de l'histoire personnelle d'Aglaé Bory et quelque chose de cet âge du devenir. Elles regardent des paysages; leurs paysages à venir, et ceux oubliés et perdus qui furent ceux de l'auteur; elles racontent l’ennui, l’attente, l’errance, la quête des possibles, l’espoir.
Tout finalement dans ce travail photographique revient sans cesse au regard, à celui qui permet d’éprouver et qui fait exister.